C’est une expression qui me plait. Il y a passablement de temps que je m’en sers.
Tout ce qui tourne autour de « voir » m’intrigue. Quel photographe n’a pas entendu quelqu’un, une fois, lui poser la question « comment tu fais pour voir? »
Une photographe que j’aime bien, utilise « regarde voir » en titre de son blog. Ça me fait penser à cette formule que mon père utilisait souvent pour attirer mon attention: « écoutes voir ».
Le « donner à voir », je ne savais pas trop où j’avais déniché ça. Jusqu’à ce que des commentaires sur mes « sculptures de neige sale » ma fasse penser à un livre que j’aime bien.
En préface, il est écrit ce qui suit:
« Ce livre est né d’une rencontre dans le Sahara, au sud de Tamanrasset. Assis dans le sable, je parlais des étoiles à un groupe de voyageurs. Au-dessus de nous, splendide, la Voie lactée se profilait d’un horizon à l’autre.
Parmi les spectateurs, une dame particulièrement passionnée ne tarissait pas de questions. Plus tard, j’ai eu l’occasion de faire sa connaissance. Photographe depuis des années elle traque la beauté du monde. Elle parcourt notre planète dans des conditions quelques fois bien inconfortables. De ces multiples périples, elle a ramené une collection d’images superbes.
L’œil du photographe est celui qui, d’un contexte apparemment banal, extrait des images éloquentes. Comme le poète (selon Tristan Tzara), il « donne à voir » là où rien ne semblait digne d’attention. Ce qu’il a vu saute aux yeux. Mais seulement après qu’il nous l’a montré…
Comme les questions les plus simples sont souvent celles qui nous mènent le plus loin . pourquoi la nuit est-elle noire? Pourquoi l’univers est-il si grand?- les images les plus immédiates sont souvent porteuses de riches messages. Une plante à demi asséchée dans le désert saharien, une toile d’araignée perlée de la rosée du matin laissent devnir des correspondances aux dimensions cosmiques. Muettes, elles nous parlent un langage que, selon le conseil avisé de Charles Baudelaire, il nous faut tenter de déchiffrer. »
Celui qui écrit ça, c’est Hubert Reeves.
La photographe c’est Jelica Obrenovitch.
Le livre c’est « Compagnons de voyage » .
C’est étonnant. Ce bouquin que j’ai depuis plus de vingt ans, parlait en préface de la vision du photographe bien avant que cela ne me passionne.
Ce qu’il a vu saute aux yeux. Mais seulement après qu’il nous l’a montré…
Qu’en pensez vous?
Le poème dont parle Reeves c’est un extrait d’Élévation de C Baudelaire:
« Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse
S’élancer vers les champs lumineux et sereins;
Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
– Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes! »
Bonne journée à toutes et tous
Donner à voir, c’est le titre d’un recueil d’Éluard !
Merci pour ces références. Aujourd’hui, on voit plus que l’on ne regarde, et pourtant, au-delà des évidences, se cachent des trésors, des messages que ceux qui pratiquent un art savent capter. Ce sont des lumières sur leur chemin et tu es de ceux-là!
« Ecoute voir » J’entendais aussi cette expression enfant. Ton bel article fait chaud au cœur, je suis aussi comme toi de ceux qui tente de « voir le monde autrement ». Savoir lire un conte dans le souffle du vent, remarquer la courbe d’une branche pour s’en faire un cheval fougueux, lire le monde dans la spirale d’un coquillage est une bénédiction des dieux.
Une expression qui en dit long et qui définie parfaitement l’art de capter des images avec des mots… une expression on ne peut plus imagée.
tout d’abord merci de m’avoir fait découvert Christine Keller, je vais explorer son travail plus en profondeur.Voir, regarder, pour moi c’est à la fois complémentaire je ne peux voir sans regarder, ce dernier étant le premier mouvement mais aussi totalement différent dans l’aboutissement; voir est le résultat d’un processus d’ancrage dans le moment présent alors que regarder est la recherche d’un stimuli.Je m’arrête là mais y aurait encore beaucoup à ire sur le sujet…
Allez, j’y vais de mon auto-citation … c’est la première fois de ma vie que je fais ça, ça me fait tout drôle 😉
Depuis quelques années j’ai un slogan sur mon site où je dis ceci : « La photographie me permet de voir et de donner à voir la réalité invisible à l’oeil nu. ». Il me semble que c’est exactement ce que dit Hubert Reeves en ultra concentré 😉
Bonne journée à toi !
Et tu nous en donnes à voir et à lire, toi ! Et à réfléchir aussi !! 😉 Merci !! Belle journée à toi !
Bonjour Dominique, ton propos rejoint l’idée que le photographe est un cueilleur d’images, une expression que j’aime beaucoup aussi. Pour composer un bouquet harmonieux il faut connaître les plus belles fleurs, les chercher, les arranger de manière appropriée.. Cela s’apprend, la photo aussi. L’oeil doit s’éduquer, s’entraîner comme un muscle à voir plus, à voir mieux. L’exercice est perpetuel mais il est passionant. Et dis voir, merci beaucoup pour le lien 😉 Belle semaine à toi.
Ecouter-Voir,c’est une société de Post-Production,enfin quand j’étais en activité et lorsque j’habitais l’Essonne il y avait un village qui se nommer : Ecoute voir s’il pleut !
Ces titres sont très évocateur d’une façon de penser et aussi de voir,j’avoue que mon grand plaisir est de faire une photo dont peu de gens peuvent voir le véritable sujet mais ce n’est pas tout les jours hélas.
c’est le nom de la maison d’édition créée par des poètes que je connais et que j’admire. dont jean-Claude Touzeil
http://www.donner-a-voir.net/
j’aime beaucoup l’extrait poétique que tu cites.