C’est l’histoire d’un mec… Coluche commençait ainsi un de ses sketchs.
Mais ce n’est pas de Coluche dont il va être question.
C est l’histoire d’un mec, photographe qui rencontre un de ses copains, photographe comme lui. Et il lui raconte:
-L’autre soir, je passais sur le pont de la caille, quand je vois, une femme, debout sur la parapet, avec deux enfants dans ses bras, se préparer à se jeter dans le vide.
-Et qu’est-ce que tu as fais?
-f/2.8 au 500e de seconde…
C’est idiot cette histoire là. C’est l’histoire de photographes qui voient des choses tragiques et qui ne pensent qu’à photographier ces instants.
L’autre jour, j’étais sur une passerelle au milieu d’un marais. Assez loin, sur l’eau, j’ai vu quelque chose de sombre qui s’agitait dans l’eau. Au début, j’ai cru à un animal aquatique, grenouille peut-être. Forcément, je me suis servi du téléobjectif pour voir ce que c’était. C’était un oiseau, peut-être un pic, tombé dans l’eau et qui se débattait pour tenter de s’en sortir. Et je ne sais pas pourquoi, j’ai déclenché. Il faisait des ronds dans l’eau en se débattant. Puis très vite, les ronds ont diminué, et il a abdiqué, mort.
Je me demande encore pourquoi j’ai photographié ça. Il était loin, je ne pouvais rien faire pour le tirer de là. Mais pourquoi déclencher?
Est-ce le fait d’avoir en main un appareil photo qui nous pousse à un voyeurisme un peu dérangeant?
Qu’en pensez vous?
C’était un oiseau accidenté, et tu n’y pouvais rien. Mais hélas, certains filment des agressions sur des personnes au lieu de secourir les agressés. Là, il ne s’agit plus de photographes, mais de malades des nouvelles technologies.
Nous ne sommes pas infaillibles non plus!!! Courageux en tout cas de lancer le débat et nous permettre de nous interroger.
Ce que je crois en tout cas c’est que l’appareil permet une certaine distance sur les choses, sous couvert de les approfondir: une façon de nous protéger de ce qui nous touche. Peut-être….
Difficile à dire peut être et sans doute pour briller aux yeux des autres.. faire de l’inédit… du sensationnel un peu comme les journalistes…
L’oiseau avait un problème, car normalement ses plumes lui permettent de flotter (du moins me semble-t-il…). Quant au réflexe du photographe, il me fait penser à celui des journalistes correspondants de guerre qui filment, qui filment… Chris
Il n’y avait rien à faire, c’est vrai… mais selon moi, rien à photographier non plus ! Avoir un appareil photo dans les mains nous fait souvent prendre le goulag pour disneyland comme disait HF THIEFAINE…
C’est triste ! Des fois on déclenche pour partager de la beauté, est-ce que d’autres fois on déclenche pour partager de la tristesse ?